Projet ADA-Motivation
Le Pôle académique de Namur, en collaboration avec l’ARES et la Fédération Wallonie-Bruxelles, travaille au développement du volet “motivation” de l’outil d’orientation ADA.
La question de l’orientation vers l’enseignement supérieur est d’une importance capitale. Personne n’en disconviendra. En ce sens, l’ARES, la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que l’ensemble des Pôles académiques ont uni leur force et leurs expertises pour construire ce qui pourra bientôt être perçu comme la Rolls-Royce des tests d’orientation. En effet, l’outil ADA pour “Accompagnement au Développement de ton Avenir” est un outil d’orientation en ligne, gratuit et facile d’accès qui a pour but d’aider à la construction d’un projet personnel d’études supérieures.
L'outil ADA est divisé en 3 grands volets
ADA-Intérêts qui tente d’identifier les domaines scolaires et professionnels susceptibles d’intéresser les élèves de l’enseignement secondaire.
ADA-Compétences qui évaluent, en tentant d’être le moins prédictif possible, la maîtrise par l’élève des compétences indispensables à l’accomplissement optimal des cursus envisagés.
ADA-Motivation qui se penche sur le degré de motivation décelable chez l’élève à la veille de cette étape importante de l’entrée dans l’enseignement supérieur, qu’il soit professionnalisant ou non.
Le Work Package 3 (WP3) consacré au développement d'ADA-Motivation
Le PAN a pris en charge le troisième volet consacré à la motivation. En 2023, s’est donc formé en son sein le WP3 constitué de plusieurs experts en matière motivationnelle, d’un pilote et d’un copilote, ces derniers étant chargés du management global de ce groupe de travail.
Les premières missions et actions du WP3 consistèrent à circonscrire tous les aspects de la motivation en y adjoignant toutes les précautions théoriques et pratiques qui s’imposent, à se nourrir aussi de développements approfondis sur le sujet, dans la perspective d’un outil testologique.
Premiers aspects – Premières précautions
Le degré motivationnel de l’élève, comprenant des facteurs intrinsèques et extrinsèques mais également les intentions, les objectifs et les buts poursuivis par l’élève sont évidemment abordés et circonscrits. Toutefois, en corrélation à cette motivation, l’outil à construire devra aussi questionner les croyances de l’élève par rapport à l’enseignement supérieur et par rapport à ses propres capacités de réussite, ses stratégies face aux apprentissages et ses compétences de régulation. Le groupe d’experts rejoint ici les quatre aspects constitutifs de la motivation repris dans le test « Who Am I ? » de « Columbus ».
Ces dimensions évidentes de la motivation ne sont cependant pas simples à estimer. La motivation d’un individu s’inscrit dans un processus dynamique, elle est fondamentalement évolutive. Très vite, la question des feedbacks qui seront fournis à l’élève après la passation du module se pose donc au sein du WP3.
Les experts conviennent que les feedbacks ne pourront en aucun cas, au vu de la nature changeante de la motivation, être prédictifs. Aussi, comment ces feedbacks parviendront-ils à déconstruire les éventuelles croyances infondées ou irrationnelles de l’élève ? Comment pourront-ils l’amener, de façon bienveillante et constructive, à envisager ses stratégies d’apprentissage ou ses compétences de régulation d’une façon plus adéquate et performante ? Il faudra enfin que les feedbacks puissent être envisagés comme de véritables soutiens pour l’élève. Ils devront contenir des ressources, des conseils, et mettre l’accent sur les aspects évolutifs et contextuels de la motivation.
De nouvelles pistes
Afin que le test en gestation réponde positivement à ces nombreuses précautions, fin de l’année 2023, les experts du WP3 se penchent sur de nouvelles références théoriques et de nouveaux outils comme, entre autres, les travaux de Frenay, Neuville et Wertz s’inspirant des modèles d’Eccles et Wigfield. Citons aussi, sans être exhaustif, les travaux de Bourgeois et Galand.
D’autres aspects de la motivation se révèlent alors ; comme la façon dont l’élève interprète son passé scolaire, les recherches qu’il a effectuées au sujet des possibilités qui s’offraient à lui, son degré de certitude quant à ses choix, son niveau d’engagement au sein d’activités (professionnelles ou de loisirs) extra-scolaires, la façon dont il envisage son intégration dans l’enseignement supérieur, la valeur et le sens qu’il attribue aux tâches qui lui incombent, etc.
Les échanges furent riches, denses et constructifs. De nombreuses réflexions y ont été menées, et divers aspects de la motivation y ont été analysés, sous-pesés, et des modèles théoriques ainsi que « testologiques » y ont été explorés. Il a donc été temps pour le WP3 de se pencher sur la concrétisation de ce test sur la motivation.
Le travail de l’experte-productrice
En février 2024, le WP3 est rejoint par Céline Decleire, « l’experte-productrice ». C’est elle qui aura en charge la réalisation proprement dite du questionnaire et des feedbacks y adhérant.
Après avoir bien intégré les nombreux avis, points d’attention et autres « incontournables théoriques » émis par le groupe d’experts, Céline a proposé une première version de questionnaire. Elle s’est inspirée d’un module scientifiquement robuste, celui d’Eccles et Wigfield. De nombreuses adaptations ont été évidemment discutées au sein du WP3 et appliquées par la suite.
Peu de temps après, Céline Decleire a commencé à travailler sur l’élaboration des feedbacks. Une fois de plus, plusieurs modèles ont été discutés et analysés au sein du WP3. Ici, ce sont les travaux d’Houart et de Berger qui ont été principalement exploités. Les feedbacks, en cours de conception à ce jour, reprendront de précieux conseils liés à l’orientation et à l’optimalisation de la motivation comme l’importance de bien se renseigner au sujet de ce qui existe au-delà des études secondaires, de se fixer des objectifs précis et réalistes, de bien cerner ses goûts et envies, d’être curieux, etc. Pour rappel, les feedbacks ne seront en rien prédictifs. Ils seront conçus de façon positive et bienveillante.
Autrement…
La validation scientifique de l’outil ainsi créé par le WP3 fut effectuée dans le courant du premier quadrimestre de l’année académique 2024-2025. Lors de cette phase, le test a été « testé », incrémenté, réajusté… pour s’en retrouver in fine validé.
Il pourra être mis à disposition des élèves, ou du moins des informaticiens ADA, au courant de l’année 2026.
Mais, au-delà de ces explorations et échanges théoriques intimement liés à la construction de ce test sur la motivation, notons, en guise de conclusion « ouverte », que le WP3 s’est adonné à d’autres activités comme la participation, en janvier 2024, à un colloque international organisé à l’Université de Genève et portant sur la question de la qualité en enseignement supérieur. Là aussi, les apports et échanges furent particulièrement riches et porteurs et ce, même dans le cadre spécifique des missions du WP3 car, pour rester motivé au sein de l’enseignement supérieur, il faut évidemment veiller à ce que ce dernier soit motivant. C’est d’ailleurs et sans doute dans cette direction importante que le WP3, en tout ou en partie, et le PAN continueront de plancher par la suite.